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Dernière minute. Lundi 25 avril 2016, un incendie a ravagé le pavillon Savare, sur la Presqu’île de Caen (Calvados). Normandie-actu avait visité le lieu, alors occupé par environ 30 migrants.
« Ce n’est pas un squat ici, mais un lieu de vie », insiste un Syrien, 20 ans, qui souhaite rester anonyme. Arrivé de la jungle de Calais, il y a un mois, il vit dans un squat de la Presqu’île de Caen (Calvados), un bâtiment désaffecté, avec une quarantaine d’autres migrants venus d’Égypte, d’Afghanistan, de Somalie, d’Erythrée… Il est en train de préparer un thé sur une gazinière. Au mur, quelques posters décorent le lieu. Dans des anciens bureaux, des matelas sont alignés, couvertures et duvets posés en pagaille. Le jeune homme fait visiter le lieu et confie qu’il veut à tout prix passer en Angleterre. « J’ai des amis là-bas et c’est plus facile pour travailler qu’en France », se persuade le Syrien. Comme beaucoup des migrants vivants sur la Presqu’île, son but est de prendre le ferry de Ouistreham (Calvados), en essayant de se glisser dans une cargaison, un camion…
Les associations alertent sur les conditions de vie
Depuis le démantèlement d’une partie de la jungle de Calais (Pas-de-Calais), en mars 2016, l’afflux des migrants à Caen s’accentue. Les associations qui effectuent des maraudes comme la Croix Rouge en compte entre 200 et 300, selon les semaines. « Cela bouge beaucoup car ce sont des migrants en transit, qui ne veulent pas rester ici, observe Serge, 69 ans, bénévole pour la Croix Rouge. Parfois, les relations sont tendues entre les sans-abri de Caen et les migrants. On a dû faire face à des situations difficiles… Nous avons doublé le nombre de soupes que nous distribuons depuis le mois de janvier 2016. Nous arrêtons les maraudes à la fin du mois d’avril, ça va être compliqué… »
Les migrants en transit sont les plus vulnérables car ils ne sont pas suivis par les associations et institutions qui gèrent les demandeurs d’asile politique, normalement logés en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). Les migrants en transit sont à la rue. « Et le 115 est surbooké, il n’y a plus de place », souligne Gilbert Marie, membre de la Ligue des droits de l’homme et animateur du réseau Printemps Ligueur.
La nourriture, le plus gros problème
Alors les migrants se regroupent dans plusieurs squats de la Presqu’île de Caen, la plupart sont des jeunes hommes d’une vingtaine d’années. Il y a aussi des familles et des hommes plus âgés, comme un ancien professeur d’université, une personne qui travaillait dans une agence de voyage, des ouvriers… « Je suis parti, car je ne pouvais plus vivre en Iran, ce n’était plus possible », assure un Iranien d’une trentaine d’années.
S’il était devenu impossible pour la plupart de vivre dans leur pays, les conditions de vie sont également difficiles à Caen. Heureusement qu’un collectif, l’Assemblée générale contre les expulsions a récupéré lits, couvertures, gazinières, produits d’entretien… pour ces squats, qui sont relativement bien tenus.
Le plus gros problème reste la nourriture. Pour manger, les migrants se déplacent sur les maraudes effectuées le soir par plusieurs associations comme la Croix Rouge, le Secours populaire, La Voie Difficile, une association de confession chrétienne À Cœur ouvert… Ainsi que dans les lieux d’accueil comme la Boussole, une structure d’accueil de jour pour les personnes seules en situation de précarité ou sans-abri, située sur la Presqu’île de Caen. Quelques associations, comme La Voie Difficile, viennent directement dans les squats pour distribuer de la nourriture de temps en temps. « Mais, parfois, on ne mange qu’un bout de pain dans une journée », soupire un Syrien. Les collectifs et les associations répondent à l’urgence humanitaire, mais la situation n’est pas durable.
> Lire aussi : Afflux de migrants en Normandie. À Caen, la Boussole « déborde », l’État rassure
Un risque d’expulsion pour un squat de 80 migrants
Dans l’ancienne entreprise Drouet, toujours sur la Presqu’île, près de 80 migrants y sont installés, des Iraniens, des Pakistanais et deux familles afghanes. En date du 15 mars 2016, sur requête du propriétaire des lieux, la présidente du tribunal d’instance de Caen a rendu une ordonnance d’expulsion sans délai des occupants des locaux de l’ex-entreprise Drouet. Cette ordonnance a été revêtue de la formule exécutoire en date du 17 mars 2016. Elle a été affichée sur l’une des fenêtres des locaux en date du 17 avril 2016.
À l’intérieur, les migrants ne sont pas rassurés. Ils craignent une intervention de la police migratoire. Certains repartent même à Calais. « Nous n’avons pas réussi à passer à Ouistreham et nous allons être expulsés d’ici. Nous n’avons pas d’autres solutions que de repartir à Calais, explique un Pakistanais d’une trentaine d’années. D’autant plus que de là-bas, le passage est plus court pour aller en Angleterre. » Son ami évoque aussi un quotidien moins difficile dans la jungle qu’à Caen, « là-bas, il y a des magasins, des gens qui nous aident… » Où vont aller tous ces migrants si ce squat est expulsé ? Les associations posent la question.
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Ouistreham, l’autre Calais ?
D’après les associations, les migrants en transit ne se sont pas installés dans beaucoup de squats à Ouistreham (Calvados), « Il y a seulement eu des tentatives d’introductions dans des locaux et la commune observe la circulation de migrants entre Caen et le port maritime, assure Gilbert Marie, membre de la Ligue des droits de l’homme. Les migrants en transit préfèrent vivre sur la Presqu’île et faire les allers-retours entre Ouistreham et Caen. » Tôt le matin, ils effectuent les 15 kilomètres qui séparent la Presqu’île du port maritime de Ouistreham pour tenter de se glisser dans un camion, une cargaison… Mais ce n’est pas une mince affaire. « Il y en a un que je connais qui a réussi, assure un Pakistanais. Moi, j’ai raté, je retourne à Calais… »
Le reportage de nos confrères de TF1 sur Ouistreham :
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